Chantier de Fouilles, Plateau St Pierre au Moustier, 2019

La première campagne de fouille programmée sur le Plateau de Saint-Pierre (commune de Thorame-Basse, 04), a révélé un espace funéraire antique à 1304 m d’altitude. Des structures bâties et 18 sépultures ont été partiellement mises au jour sur 125 m2. L’aire de fouille (zone 1) porte sur les tombes découvertes anciennement par les propriétaires et englobe la frange orientale d’un vaste pierrier (fig.1 et 2). Afin d’appréhender les processus sédimentaires, une tranchée NO/SE a été ouverte sur 10 m de long et 1,40 m de large (Tranchée 1). Le creusement à plus de 1,90 m de profondeur (Sond.1 : 2 m²) a mis en évidence la séquence stratigraphique du site jusqu’au substrat (argiles et marnes). Au total, 80 unités stratigraphiques ont été individualisées et cinq états ont été distingués au cours de cette première campagne.

Plan zone funéraire

L’État 1 (Protohistoire ?) correspond aux plus anciennes traces d’occupation identifiées mais encore de manière très sporadique (parois en terre crue et deux fosses, FS1et FS2 non fouillées).

L’État 2 (Ier-IIe siècles) est caractérisé par des vestiges de structures bâties très arasées (MR1, 2 et 5). Les murs MR1 et MR2 (zone 1), forment un angle droit et présentent un double parement et un blocage de moellons liés à la terre. Un amas compact de blocs calcaire et de tuf laisse envisager un aménagement anthropique dans l’espace interne de ce bâtiment (US 1038). Le mur MR5 parallèle au MR1 (axe N/S), est situé 10 m plus à l’est et présente un double parement en blocs calcaire et un blocage lié au mortier. La fonction et la relation entre les différents murs ne peuvent encore être précisées.

Deux structures de crémations ont été identifiées dans la zone 1 : la structure secondaire SP 5 livre 156,9 g d’os humains brûlés se rapportant à un sujet adulte, une grande quantité de verre fondu et des charbons dont l’étude anthracologique (c’est-à-dire des charbons de bois présents dans les résidus de crémation) révèle une multiplicité d’essences locales ; la seconde a été protégée en vue d’une opération future (SP 16 – structure primaire). La présence de verre permet de rattacher cette phase entre le Ier et le début du IIIe siècle.

L’État 3 (Haut-Empire/Antiquité tardive) est subdivisé en trois phases. L’état 3a correspond à une phase d’abandon et de destruction des structures bâties entre le début et le milieu du IIIe siècle.L’état 3b marque une continuité de l’occupation du site, hors de l’espace bâti détruit, illustrée par un trou de poteau au nord de MR5 (TP1). Lors de l’état 3c intervient, sans doute entre la 2e moitié IIIe et le 1er quart du IVe siècle, une phase d’abandon révélée par des dépôts sédimentaires (US 1003).

L’État 4 (Antiquité tardive ; IVe– VIe siècles) est caractérisé par une nouvelle occupation funéraire du secteur : 16 inhumations ont été mises au jour dont neuf ont été fouillées cette année (SP 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9 et 13). Les autres ont été soigneusement protégées en vue de la poursuite de la fouille en 2020 (SP 10, 12, 14, 15, 17 et 18). Les défunts (adultes et plusieurs périnataux) sont inhumés dans des coffrages composites (bois et tegulae) ou simplement dans des linceuls. Le mobilier est constitué d’éléments de parure (bracelet, boucle d’oreille ou perles en verre). La chronologie de cette occupation se situerait entre le IVe siècle et le début du VIe siècle d’après la stratigraphie et la datation 14C de la SP 1 (392 et 538 cal. AD ; fig. 3). Le niveau de circulation correspondrait au sommet de l’US 1003, détruit par l’érosion et les travaux agricoles postérieurs à l’Antiquité tardive.

L’État 5 Aucun vestige, ni mobilier céramique des périodes médiévale et moderne n’a été identifié. Cette absence pourrait être due à d’importants phénomènes d’érosion liée à un faible couvert forestier (absence d’opération de reboisement en vue d’une stabilisation des sols de pentes). Longtemps mis en culture, le plateau est aujourd’hui une zone de pâturage et faisant l’objet de pillages archéologiques constatés à plusieurs reprises sur le site.

En parallèle, et afin de mieux appréhender et évaluer l’emprise des vestiges archéologiques en vue de la programmation d’une opération triannuelle, une prospection géophysique qui permet la lecture des sous-sols, et notamment de déceler la présence éventuelle des vestiges, grâce des procédés électriques et magnétiques s’est tenue à l’automne 2019 sur les sites de Saint-Pierre 1 et Saint-Pierre 2. Trois méthodes ont été utilisées : la cartographie de champ magnétique, la cartographie de conductivité électrique par instrument électromagnétique (EM) et la tomographie de résistivité électrique (ERT).

Sur le site de Saint-Pierre 1, les résultats signalent l’étendue d’une construction à une quinzaine de m2 d’orientation N/S, jusqu’à 1 m de profondeur au centre d’un tertre qui correspondrait à la destruction d’une chapelle.

Sur le site de Saint-Pierre 2, sur la carte se distingue une anomalie de forme elliptique, peu claire, d’environ 40 m d’envergure. Elle pourrait correspondre à des structures bâties associées à des niveaux de démolition. 

Alexia Lattard,
docteur en archéothanatologie,
responsable du chantier fouilles

Le canal de la Batie

Canal de St Thomas à la Bâtie

Depuis trois ans, des adhérents et des sympathisants de Culture et Patrimoine consacrent du temps au débroussaillage du canal du plan de St Thomas à La Bâtie, afin de le sauver de l’oubli.

Les Archives Départementales du 04, conservent la délibération de sa création par le Conseil municipal de Thorame-Basse. 

En date du 20 décembre 1867, le Conseil décide la cession gratuite du terrain nécessaire pour sa construction sur les parcelles 495, 391, 466.

À la condition expresse, que le parcours des troupeaux sera intercepté nulle part le long du canal. Pour éviter les équivoques qui peuvent subvenir entre les propriétaires des troupeaux et les usagers du canal, il serait bon, qu’il fut couvert sur tout son parcours.

Nous constatons aujourd’hui que ce ne fut pas le cas, mais cela explique les passages couverts existants sur le site.

Ce samedi matin 1er aout, venez découvrir un pan de notre histoire et partager un temps convivial en restaurant ce patrimoine.

Les Administrateurs de C&P

PS : Se munir de gants, scies, débroussailleuses, pelles, râteaux…. 

Le Repos des Alpins

Pratiques funéraires de l’âge du Fer à la période gallo-romaine dans les Alpes du sud-Est

Cette conférence aura lieu le 28 août 2020 à 18h dans l’église St. Pierre aux Liens de Thorame-Basse et sera animée par Delphine Isoardi, chargée de recherches au CNRS, Camille Jullian, Aix en Provence, et Alexia Lattard, docteure en archéothanatologie, Aix-Marseille-Université/ Centre Camille Jullian-ADES, Aix en Provence/ Marseille.

Cette présentation inédite, conçue spécialement pour Culture & Patrimoine de Thorame-Basse a pour objectif de donner un aperçu des connaissances archéologiques en matière de pratiques funéraires dans le Sud-Est des Alpes ( moitié nord des Alpes-de Haute-Provence et Hautes-Alpes), entre l’âge du Fer (fin du VII° siècle avant J-C, au changement d’ère) et l’Antiquité ( 1er siècle au IV° siècle après J-C.)

Les données seront présentées de manière chronologique, abordant principalement les architectures funéraires, les données anthropologiques et également les éléments d’accompagnement et le costume funéraire.

Delphine Isoardi traitera la période de l’âge du Fer et Alexia Lattard la période romaine.

Au fil de l’exposé on pourra apprécier une évolution dans les techniques d’approche et d‘analyse et par conséquent dans la nature des informations obtenues.

En effet, les tombes de l’âge du Fer ont principalement été étudiées au XIX° siècle avec des méthodes de l’époque, leurs concepts et leurs limites, tandis que la période romaine permettra de mesurer, du moins entre le cas des Clavelles (à Lurs, fouilles des années 1980) et l’élément nouveau de Thorame-Basse un protocole plus récent et de plus grande précision sur le plateau Saint Pierre au Moustier.

Au cours de cette conférence, il sera possible d’aborder des pistes de réflexion qui dépassent la simple observation des données de terrain, avec réserve bien entendu, comme le veut toute approche scientifique.

Les premiers résultats du chantier de fouilles au Moustier de l’été 2019 seront communiqués et les perspectives du chantier 2020 présentées.

Pour Dieu, le Roi et le Bien Public – 1720 : la peste aux portes du Haut Verdon

Le 13 juillet 2020 à 18h
Église de Thorame-Basse

Au mois d’août 1720, alors que les travaux dans les champs et les alpages vont bon train, une rumeur alarmante arrive de Marseille : le mal de contagion s’est déclaré et décime la population. La crainte est alors grande que la contagion s’étende jusque dans les montagnes de la Viguerie de Colmars et de la Préfecture de Barcelonnette, comme cela avait été le cas en 1629. Au début du mois, les conseils généraux des communautés de Thorame-Basse, Thorame-Haute, Beauvezer, La Colle, Peyresq, Colmars et Allos mettent en œuvre les décisions imposées par la Cour et par le Parlement de Provence : elles se confinent derrière des palissades et contrôlent les déplacements de leurs habitants et des étrangers venus d’ailleurs ainsi que des marchandises. Durant plus de deux années, les conseils généraux des communautés ont géré cette situation exceptionnelle pour « le service de Dieu, du Roi et du Bien Public ».

La lecture attentive des délibérations des conseils communautaires permet de comprendre la façon dont les montagnards du Haut Verdon ont fait face à ce mal invisible et meurtrier qui les menaçait : comment les décisions était-elles prises ? comment s’est-on organisé ? les habitants obéissaient-ils aux ordres ? quel fut le rôle des femmes ?