

Compte rendu du Chantier de fouilles 2022
La dernière campagne de l’opération programmée triennale du site de Saint-Pierre II a porté sur deux secteurs distincts (Fig.1). Dans la zone 1, fouillée depuis 2019, l’objectif principal visait le dégagement des sépultures inhérentes à l’une des dernières phases de l’occupation du site datée de l’Antiquité tardive. Une seconde fenêtre d’exploration, localisée à une quarantaine de mètres plus au nord, a consisté dans la réalisation d’une tranchée de 30 m de long (tranchée 3), dont les enjeux étaient doubles : appréhender une possible extension du site antique sur la bordure septentrionale du plateau et acquérir de nouvelles données paléoenvironnementales (analyses en cours).
Les vestiges remontant à l’époque protohistoriques sont peu nombreux et épars :
Pour l’heure, l’ensemble des données, bien que disparates pour cette période, penchent en faveur d’une occupation de type domestique. L’hypothèse est celle d’un habitat, bien que les vestiges demeurent encore profondément enfouis sous les occupations postérieures.
Les données se rapportant au Haut-Empire (Ier-IIIe siècle) demeurent également ténues à l’issue de cette campagne, les occupations de l’Antiquité tardive les ayant fortement oblitérées en zone 1. Il faut toutefois signaler la découverte d’un fond de pot en céramique kaolinitique du Verdon qui contenait les restes osseux brûlés d’un défunt, a priori, adulte. Ce vase, brisé et incomplet, avait été remanié dans le comblement d’une inhumation tardive. La fouille du bâtiment B2, interprété comme un monument funéraire du Haut-Empire, s’est également poursuivie cette année mais les niveaux relatifs à sa première utilisation n’ont pu être atteints à la fin de la campagne.
Aucun vestige de cette période n’a en revanche été décelé dans la tranchée (Tranchée 3) au nord du site. Il semblerait ainsi que les vestiges se concentrent plutôt dans la zone basse du plateau, sans connaitre une extension vers le nord.
Dans la zone 1, le dégagement d’une vingtaine de structures funéraires, dont une partie avait déjà été identifiée lors des opérations antérieures, confirme une occupation dense avec un total de plus de cinquante tombes sur une emprise de 130 m² (fig.2). Ces sépultures illustrent des mises en œuvre variées, dont les dispositifs sont élaborés en matériaux périssables (bois) ou pérennes (tegulae, blocs, amphore). Parmi les éléments les mieux conservés découverts, on compte deux coffrages de tegulae de section quadrangulaire, plusieurs bâtières, ainsi que l’inhumation d’un très jeune immature dans une amphore palestinienne datée du Ve s. (fig. 3).
Cette dernière découverte complète nos connaissances sur les échanges commerciaux entre cette vallée et le littoral méditerranéen. Un seul dépôt d’accompagnement, un gobelet en céramique, est attesté dans la tombe d’un jeune enfant. Les objets de parure sont mieux représentés, notamment par des perles mises au jour autour des restes osseux, et qui renseignent un soin dans le choix du costume funéraire. La tombe d’un adulte a livré pour sa part trois éléments métalliques ayant pu servir au maintien de ses vêtements et une boucle de ceinture a également été découverte dans les os en réduction d’un autre sujet.
Quelques tombes ont, en outre, fait l’objet de réouvertures pour l’inhumation successive de plusieurs individus : les ossements sont soit simplement remaniés dans le comblement, soit des réductions sont réalisées au sein de la même fosse (fig.4) ou bien, dans certains cas, les corps sont superposés indiquant un respect des dépôts antérieurs.
L’étude de ces tombes, encore en cours, devrait livrer de nouvelles données sur l’organisation générale de cet ensemble funéraire, dont l’appréhension demeure encore partielle. C’est notamment le cas pour le bâtiment 1, où la concentration des sépultures d’adultes et de sujets immatures dans l’emprise des murs, plaide en faveur d’un petit enclos à vocation familiale de l’Antiquité tardive.
Enfin, selon les données acquises dans la tranchée 3, le site antique ne semble pas s’étendre au-delà de quelques dizaines de mètres plus au nord.
Remerciements :
L’équipe souhaiterait remercier le Service de l’Archéologie des Alpes-de-Haute-Provence pour son soutien et sa présence depuis le début des opérations.
Cette opération reçoit le soutien financier du Service Régional de l’archéologie de Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Mairie et, surtout, de l’Association Culture et Patrimoine de Thorame-Basse. Nous souhaitons exprimer notre plus vive gratitude à Julien Arnaud et Marie-Thérèse Rouvier, propriétaires des deux parcelles, pour nous avoir permis de conduire nos recherches. Merci aux habitants de la vallée pour leur présence sur le terrain, leur bienveillance et accueil des plus chaleureux ainsi que l’ensemble des marques de gentillesse envers l’équipe, qui ont contribué à la création d’un des meilleurs cadres de travail qui soient.
Sous la responsabilité Alexia Lattard, Archéothanatologue et de Florence Mocci, archéologue, le quatrième chantier de fouille s’est déroulé au Moustier, du 29 juillet au 19 août. Une douzaine d’archéologues diplômés ou étudiants de diverses disciplines les accompagnaient. Comme les années précédentes, des bénévoles de l’association ont pu se joindre à eux.
Les nombreuses découvertes funéraires de cette année confirment que ce site fut habité au Néolithique, à l’Age du Bronze, du Fer et jusqu’à l’Antiquité Tardive. Les découvertes vont être maintenant traitées en laboratoire pour une analyse scientifique circonstanciée.
Les conclusions seront publiées dans quelques mois.
La poursuite des chantiers, dans les années à venir, permettra certainement de localiser plus précisément le lieu de vie des habitants de ces époques fort anciennes.
Le 10 août, lors de la journée ouverte au public, les thoramiens mais aussi les habitants de la vallée du Haut Verdon, ont manifesté un vif intérêt à ces recherches archéologiques. La participation attentive, pendant deux heures des 120 visiteurs et les nombreuses questions posées l’attestent. Si on additionne les visites quotidiennes, on peut estimer que plus de 200 personnes ont gravi la rude pente de l’oratoire St Pierre pour mieux connaitre la riche histoire de notre vallée.
Merci à l’ensemble de l’équipe d’archéologues qui a pris le temps d’accueillir, d’accompagner et de commenter son travail et ses découvertes, avec patience et pédagogie.
Le projet de consolidation et mise en valeur de la tour continue.
La demande de subvention à la Région PACA est déposée, la réponse devrait être connue en début 2023.
Le dossier FEDER de demande de subvention vient d’être finalisé. Il va être déposé auprès des instances européennes début novembre. Un travail collaboratif de qualité entre la commune, la CCAPV, l’architecte et C&P a permis de dépasser la complexité des dossiers administratifs. La commission étudiera la demande de subvention au mois de décembre.
À ce jour, trente-deux donateurs ont soutenu le projet en participant à la souscription publique menée par l’intermédiaire de la Fondation du patrimoine permettant une déduction fiscale, pour un montant de 4505€ : www.fondation-patrimoine.org/les-projets/tour-de-piegut-thorame-basse
Au-delà des sommes versées, ces participations témoignent de l’engagement des thoramiens pour ce projet.
N’hésitez pas à partager l’information à tous les amateurs de notre vallée, soucieux de préserver et faire vivre le patrimoine, pour le transmettre aux générations futures. Merci.
Le riche patrimoine de Thorame-Basse recèle une oeuvre artistique exceptionnelle : la peinture murale
de la chapelle Saint-Thomas.
Découverte en 1950, elle est cependant peu connue. Quand a-t-elle été peinte ?
Par qui ? Pour quelle raison ?
Cet ouvrage propose de faire découvrir cette oeuvre unique dans le Haut-Verdon, d’en détailler les scènes et les personnages représentés, et d’explorer le contexte dans lequel elle a été peinte : la fin du Moyen Âge dans les vallées des Alpes de Provence.
Association Culture et Patrimoine Thorame-Basse
Prix de vente : 10 €